Gibassier à l’ancienne ou “gibassié”

J’ai enfin trouvé une recette qui correspond au gibassier de mes souvenirs ! Une galette assez dure, délicieusement parfumé et riche en huile d’olive. Elle est croquante à la dégustation (dure à couper quand même, ne soyez pas effrayé). Vous voyez sur la photo les petits trous qui aèrent un peu la galette ? La texture est comme j’aime. Le goût aussi… Je me régale !
Attention! Si vous n’êtes pas amateur d’huile d’olive… Elle est très présente.

J’avais entendu dire que le gibassier se préparait sans levure… J’ai enfin trouvé la recette : dans le livre de René Jouveau “la cuisine provençale de tradition populaire”. J’ai dû faire quelques interprétations car, comme dans toutes les vieilles recettes, il manque pas mal de détails. Entre autres la quantité de liquide, qui est en verre, ou la température du four et la durée de cuisson. Il est juste écrit “il faut alors les mettre à four plutôt vif”.

La réalisation de ce gibassier prend du temps, il y a des repos assez longs. L’auteur recommande une levée dans un endroit chaud, autour de 30°. J’imagine qu’à l’époque, il devait lever près d’un poêle à bois ou d’une cheminée ? N’ayant ni l’un ni l’autre, j’ai fait toutes mes levées dans mon four éteint, fermé, avec juste la lumière allumée. Cela suffit à créer une petite étuve.
Pour la deuxième levée, René Jouveau indique d’attendre jusqu’à ce que la fermentation fasse gonfler la pâte d’un tiers en volume. J’ai zieuté attentivement les premières heures mais c’est trop difficile à constater ! Et puis il était tard. Du coup, je l’ai laissé toute la nuit.
Je fais donc le levain le matin puis mes gibassiers en fin de journée. Je les laisse fermenter toute la nuit puis les cuit le lendemain matin.
Et, une fois cuit, il vieillit assez bien. Le lendemain, il est même meilleur !

J’ai essayé de trouver l’origine du gibassier et de la pompe à l’huile (qui dit que c’est la même chose et qui dit que non). J’ai été très surprise de voir des versions très très différentes ! J’ai choisi de retenir celle-ci : les mouliniers mettaient de la farine au fond des cuves d’huile vides, pour récupérer les résidus et ne pas gaspiller ce délicieux nectar. La farine “pompait ” cette huile. Et cette farine imbibée d’huile d’olive était ensuite utilisée pour faire les galettes.

J’en profite pour vous parler de mes livres de cuisine provençale. J’ai commencé par le Reboul, c’est un livre qui s’offrait aux jeunes filles dans ma famille. Je l’ai reçu de ma grand-mère pour le Noël de mes 16 ans.
J’ai donc une affection particulière pour ce livre. Je sais que quand je l’ouvre, quand je cherche une recette, je fais le même geste que ma grand-mère et que mon arrière-grand-mère (qui cuisinait quasi essentiellement avec ce livre).
Mais je dois avouer que je ne trouve pas qu’il soit le livre de recettes provençales le plus intéressant… Alors j’en ai acheté d’autres, puis encore d’autres, jusqu’à en faire une “petite” collection !
Je ne saurai pas vous dire lequel je préfère. Certains sont des livres uniquement de recettes, d’autres racontent des histoires et habitudes de cuisine, provençales, marseillaises ou même méditerranéennes. D’autres nous parlent des origines des recettes, certains sont compréhensifs pour tous et d’autres nécessitent de maîtriser un minimum le parler marseillais ou provençal… 😉
Après la recette, je vous propose des photos du meilleur de ma collection. N’hésitez pas si vous souhaitez plus d’informations sur l’un de ces livres, ou plusieurs.

Et pour celles et ceux qui attendent la recette salée promise dimanche dernier…il va falloir patienter encore quelques jours !

Gibassier à l’ancienne ou “gibassié”

Recette simple du gibassier, galette à l’huile d’olive servie pour Noël sur les tables provençales
4.50 from 2 votes
Type de plat Fait-maison
Cuisine Marseillaise

Ingrédients
  

Pour deux gibassiers de 20/21 cm de diamètre :

    Pour le levain :

    • 120 g de farine T65
    • 12 cl d’eau de source
    • 1 pincée de sel

    Pour les gibassiers :

    • 300 g de farine T65
    • 100 g de sucre blond
    • 10 cl d’huile d’olive
    • 1 grosse orange non traitée
    • 2 c à s d’eau de fleur d’oranger (30 ml)
    • 1 c à c de grains d’anis (facultatif)

    Instructions
     

    • Préparer un levain avec les 120 g de farine et 12 cl d'eau légèrement salée. Couvrir et laisser reposer environ 10h dans un endroit chaud et à l'abri des courants d'air. Dans le four éteint et fermé avec la lumière allumée pour moi. Vous devez voir quelques bulles au bout de ce temps.
    • Râper finement les zestes d’orange.
    • Mélanger le levain avec le reste des ingrédients, les zestes de l'orange et les grains d'anis. Pétrir 4 ou 5 minutes le temps que la préparation soit bien homogène et la pâte lisse. Ajoutez un peu de farine si la pâte est trop collante.
    • Diviser la pâte en deux puis former des galettes d’environ 20 ou 21 cm de diamètre.
    • Les disposer sur une plaque. Faire des entailles. J'en fais toujours 5 qui correspondent au 5 doigts de Jésus, ou représentent le visage du Christ : yeux, narines, bouche, oreilles…
    • Couvrir les galettes d'un linge propre et les laisser reposer 10 à 12h. Comme pour le levain, je les ai laissés dans le four éteint et fermé avec la lumière allumée. Après ce temps, ne soyez pas inquiet(e) si vous ne voyez pas grand différence…
    • Préchauffer le four à 190°C degrés.
    • Enfourner les galettes pour environ 25 minutes. Adaptez le temps de cuisson en fonction de votre four.

    Note générale concernant les recettes avec une cuisson au four :
    les temps de cuisson, au four, sont donnés à titre indicatif. Il est nécessaire de les adapter en fonction de votre matériel.  Plus d’infos ICI. Vérifiez toujours la cuisson en plantant au centre du cake ou du gâteau, une pique, la lame d’un couteau ou un cure-dent, par exemple. Il doit ressortir bien sec.

     

    Texte, recette & photographie de Carole
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    11 Commentaires

    • merci merci pour cette recette que j’attendais 🙂 Passe de jolies fêtes pleines de bonheur et de gourmandise Je t’embrasse

    • 5 stars
      Bonjour, merci pour cette recette !
      Je n’ai pas de robot, le gibassier peut-il être pétri à la main ? Peut-on utiliser de la farine T80 ?
      Merci d’avance.
      Je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d’année !

    • @brigitte : avec plaisir, j’espère qu’il te plaira !
      Très belles fêtes et bon bout d’an. Bises <3

      @Laura : bonjour, oui, on peut tout à fait le pétrir à la main, cette recette ne nécessite pas de robot.
      Concernant la farine, j'ai hésité entre la T80 et la T65 mais comme dans mes différents livres, pour les recettes de pompe et de gibassier, ils indiquent "farine fine", j'ai opté pour la T65.
      On peut sans doute la faire avec de la T80 mais il faudra adapter les proportions. Et peut-être aussi les temps de levée...
      Très bonnes fêtes également !

    • Je ne connaissais pas cette recette ! Et je m’empresse de la noter.
      J’ai aimé ton histoire sur le Reboul car moi aussi, c’est mon arrière grand-mère qui me l’a offert pour mes 18 ans par contre 😉 en me disant “Pitchoune, ça c’est ta bible!!” 🙂
      Dans ta collection de livre provençal, j’en ai quand même 9 !! Je les adore et même loin de ma ville, je peux te dire que la cuisine provençale est toujours bien vivante chez moi, j’adore la faire découvrir à mes amies Corréziennes.
      Bonne soirée et bonnes fêtes

    • @Natly : mon arrière-grand-mère était une inconditionnelle du Reboul aussi ! Ma grand-mère, elle, aimait bien piquer des recettes dans les magazines…
      Cela fait plaisir de faire vivre la cuisine Provençale partout dans le monde 🙂
      Belles fêtes et bon bout d’an !

    • Bonjour,
      Merci beaucoup pour cette recette, que je vais essayer très vite : nous adorons le gibassier, mais juste une petite question : est ce que dans le levain il ne manque pas un peu de levain ????? Sinon, comment est ce que la pate fermente?

      Merci mille fois pour votre réponse

    • @Boasso : bonjour,
      Non, il ne manque rien. On fabrique un levain en laissant le mélange farine / eau fermenter pendant une dizaine d’heures (il va commencer à y avoir des petites bulles). Et la pâte va aussi reposer pendant assez longtemps.
      Personnellement, c’est comme ça que je l’aime.
      Attention, cette version est une galette un peu dure et pas une brioche.

    • C’est les grandes vacances ( je suis instit!) Et je reprends goût à cuisiner. À 400 km de ma Provence natale de coeur et de papilles je découvre avec grande joie ton blog et je n’arrête pas de cuisiner tes recettes et de régaler ma famille et ami·e·s!!
      Chaque Noël, depuis…. pfiou… plusieurs années, de retour au bercail, je suis préposée au gibassier et j’ai essayé moultes recettes qui ne m’ont pas encore satisfaite…donc on les mange …. Et ma maman me dit ” si,si ma chérie, il est pas mal celui-là…” Mais non, c’est jamais le bon et je finis ( frustrée) par aller en acheter un, deux trois à une magnifique boulangerie qui en fait des somptueux… Donc Noël prochain, je teste le votre qui dans la description correspond à celui que nous aimons, bien à l’huile d’olive, croquant…. Je suis pleine d’espoir 😉
      Un grand grand merci

    • @Rigaud Candice : merci pour le gentil message 🙂
      Ce n’est pas si simple de trouver sa bonne recette… Pour la pompe, je l’ai depuis pas mal d’année mais le gibassié m’a résisté !
      Espérons que ce sera la bonne pour toi aussi (et surtout, je recommande de s’entrainer avant Noël)

    • 4 stars
      Bonjour et meilleurs Voeux à tous.
      Nous sommes fous du gibassier au point que maintenant j’adore le faire.
      Lorsque nous promenons dans le Haut-Var nous nous arrêtons quand c’est possible à
      Varages depuis des années. Quelle que soit la recette, elle n’est rien sans une sorte de “tour de main” qui finit par se faire. La dernière fois, alors que j’avais ramassé du gingembre au potager(ça pousse très bien et pour le parfum..) j’ai remplacé l’anis par un râpé de gingembre. excellent! Bonne continuation. Francis

    • @Francis RUHIER : merci ! Meilleurs voeux pour cette nouvelle année 🙂
      Je suis aussi une grande fan du gibassier, c’est vraiment une délicieuse spécialité.

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